Création de Nina Santes, chorégraphe
Pour Elsa Monguillot de Mirman, interprète du Ballet de l'Opéra de Lyon
Question de la chorégraphe Nina Santes à sa danseuse Elsa Monguillot de Mirman « Qu'est-ce que tu n'as jamais fait sur scène ? » Réponse : « je n'ai jamais fait peur ». De là, un programme singulier né de la rencontre entre les deux artistes et du contexte de la pandémie. Une histoire de mutations et donc de devenir qui se nourrit de la potentialité des figures du monstrueux et écarte d'un geste la quête du beau. Ici, le solo vu comme une micro-fiction et une danse sonore devient un espace nouveau, celui du risque et de la transgression/transformation. Jusqu'à l'effroi, peut-être.
Note d'intention
« -Elsa, qu’est-ce que tu n’as jamais fait sur scène ?
-Je n’ai jamais fait peur.
-…Mais de quoi a-t-on vraiment peur ? »
Notre rencontre en pleine pandémie parle de mutations.
Des transformations invisibles, autant que des purges brutales et nécessaires.
Qu’est-ce qu’on est en train de devenir ?
La Venerina est la fiction d’un devenir.
Une mutante.
Initialement, La Venerina est une statue anatomique en cire d’abeille, réalisée au XVIIIe siècle par Clemente Susini.
Elle est cette femme sans voix, sans nom, dont on peut ouvrir et observer le corps.
Aujourd’hui, elle se réveille, fait vibrer ses tissus, ses cordes, et se dépouille une dernière fois, sous nos yeux.
Pour cette rencontre avec Elsa, je poursuis mes réflexions autour des figures du monstrueux et de leur potentialité.
Puisqu’elle « en a marre du beau », et moi aussi. Ensemble nous nous questionnons sur les peurs contemporaines, sur l’irregardable, et ce que cela dit de nos cultures.
Je jubile de nos écarts fertiles de mondes et de langages. D'ouvrir un espace nouveau pour elle, avec elle : celui du solo.
Le solo comme espace du risque, du danger, mais surtout de l'empuissancement, de la transgression, de la transformation de soi.
LA VENERINA est un solo pensé comme une micro-fiction ou une scène de film, plaçant la voix et le son comme éléments centraux de la présence et comme prolongements du geste.
Dans une danse sonore et habitée, Elsa convoque un personnage polyphonique de femme mutante.
Solo - création juin 2021
Durée : 15 min
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