Née en 1936 à Aberdeen, dans l’État de Washington, Trisha Brown étudie la danse classique, les claquettes et le jazz. Diplômée du Mills College, en Californie, où elle s’initie à la technique de Marta Graham, elle rejoint New York en 1960, où elle étudie avec Merce Cunningham et Robert Dunn. Elle y rencontre les pionniers de ce qui deviendra la danse postmoderne américaine Lucinda Childs, Simone Forti, Steve Paxton et Yvonne Rainer, avec qui elle fonde en 1962 le Judson Dance Theater, un mouvement d’avant-garde minimaliste qui rassemble danse, peinture et musique. Elle mène alors des recherches actives sur le mouvement, s’appliquant à dénicher l’extraordinaire dans les perceptions quotidiennes et transformant le tout en expériences et improvisations gestuelles.
Dans les années 1970, alors qu’elle s’efforce d’inventer un langage gestuel abstrait, ce sont les galeries d’art, les musées et les expositions internationales qui permettent à son travail d’être diffusé. Elle forme la Trisha Brown Company et présente ses premiers spectacles dans des lieux non conventionnels : elle crée Man Walking Down the Side of a Building (1970), Roof Piece (1971), sur les toits et les façades des buildings du quartier de Soho. En 1979, elle passe du monde de l’art et des scènes non institutionnelles à celui des grandes structures culturelles, en tant que chorégraphe reconnue. Sa première pièce pour un théâtre, Glacial Decoy (1979) dansée dans le silence, marque le début de ses très nombreuses collaborations avec le plasticien Robert Rauschenberg. La chorégraphe fonctionne par cycle : après Equipments Pieces (1964-1974), suivront Accumulation (1971-1978), Unstable Molecular Structures (1979-1983), Valiant Series (1985-1990) et Back to Zero (décennie 1990).
Autrice par ailleurs de compositions graphiques exposées dans plusieurs musées, dont le MAC de Lyon, Trisha Brown s’intéresse aussi à l’art lyrique et musical. Elle chorégraphie Carmen en 1986 et met en scène l’Orfeo de Monteverdi au Festival d’Aix-en-Provence en 1998, ainsi que l’Offrande Musicale de J. S. Bach en 1995. Elle réalise la mise en scène de Da gelo a gelo, opéra de Salvatore Sciarrino et signe El Trilogy, dansé sur du jazz.
En 2001, elle inaugure un nouveau centre à Manhattan, et avec lui le projet FoundSPACE.
Sur l’ensemble de sa carrière, Trisha Brown crée une centaine de pièces et est honorée de récompenses et distinctions du monde entier. Première femme à recevoir la bourse MacArthur Genius en 1991, elle obtient cinq bourses de la National Endowment for the Arts, deux bourses John Simon Guggenheim, la médaille des arts créatifs en danse de l’université Brandeis. En 1999, elle se voit décerner le New York State Governor’s Arts Award, en 2003, la National Medal of Arts, et, en 2004, la France la nomme Commandeur des Arts et des Lettres. Elle est aussi récipiendaire de nombreux doctorats honorifiques, est membre honoraire de l’Académie américaine des arts et des lettres, et reçoit en 2011 le New York Dance and Performance Awards pour l’ensemble de sa carrière. En 2011,
Trisha Brown est récompensée du prix Dorothy et Lillian Gish pour sa « contribution exceptionnelle à la beauté du monde, à l’appréciation et à la compréhension de la vie par l’humanité ».
Elle disparaît le 18 mars 2017 à San Antonio au Texas, après avoir dû quitter la direction de sa compagnie en 2013, frappée par la maladie.
La Trisha Brown Company continue de perpétuer son héritage à travers différents projets. Avec Trisha Brown : In Plain Site, elle redonne vie aux chorégraphies de la fondatrice en les plaçant dans de nouveaux contextes, notamment des sites en plein air, des musées et des collections. La compagnie est également impliquée dans un processus continu de reconstruction et de remontage des oeuvres majeures que Trisha Brown a créées pour la scène entre 1979 et 2011. En outre, elle poursuit son travail de consolidation de l’héritage artistique de Trisha Brown en gérant ses archives, qui témoignent de son processus créatif méticuleux sur plusieurs décennies. Parallèlement, elle a commencé à commander de nouvelles oeuvres : ce changement de programmation vise à honorer l’esprit d’innovation de Trisha Brown en faisant dialoguer ses chorégraphies avec une nouvelle génération d’artistes.
Trisha Brown par le Ballet de l’Opéra de Lyon
2000 Newark (repris en 2008, 2013, 2019)
2002 Astral Converted, reprenant Astral Convertible créé en 1989
2005 Set and Reset / Reset (repris en 2009, 2017, 2019)
2013 For M. G. : The Movie
2019 Foray Forêt
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