Le Roi Carotte
A partir d'un conte d'Hoffmann, Offenbach et son librettiste Victorien Sardou (l'auteur de Tosca) entraînent le spectateur dans un conte fantastique à la résonance philosophique qui tient autant du cauchemar que du récit burlesque et du voyage aux pays des merveilles. Créé en 1872, Le Roi Carotte est ici adapté par Agathe Mélinand et mis en scène par Laurent Pelly qui s'en donnent à cœur joie : des dialogues, aux savoureux anachronismes en passant par les costumes et les décors signés Chantal Thomas.
Déchu par le génie Robin-Luron et remplacé par le despotique et populiste Roi Carotte, le chef des légumes, Fridolin XXIV de Krokodyne est confronté à toutes sortes d'aventures loufoques et merveilleuses : des maléfices de la sorcière Coloquinte à sa rencontre avec l'enchanteur Quiribi et Rosée-du-Soir. Ceux-ci lui viennent en aide pour retrouver son trône et renverser le tyrannique Carotte.
Barbe-Bleue
Depuis 1997, le metteur en scène Laurent Pelly est devenu le spécialiste incontesté d’Offenbach. À l’Opéra de Lyon, ses réalisations ont ravi les spectateurs, comme récemment son Roi Carotte, délicieusement hilarant. Ce Barbe-Bleue ne déroge pas à la règle.
La société parisienne, sous Napoléon III – surnommé « le Petit » par Victor Hugo – adore s’amuser. Y compris d’elle-même.
Jusqu’à un certain point. Offenbach a un talent, une invention, un esprit ébouriffant, il n’a pas la moindre illusion sur ceux qui le fêtent, mais il sait « jusqu’où il peut aller trop loin » comme disait Cocteau, dans la satire comme dans l’innovation. Laurent Pelly et son équipe connaissent leur Offenbach comme personne, ils le libèrent des aimables conventions qui l’étouffaient et le décapent jusqu’à sa férocité secrète. Sans craindre d’aller trop loin.
Le Coq d’Or
Le Coq d'or est un condensé satirique de l’œuvre du compositeur Rimski-Korsakov et d'un siècle d'opéra russe. Le compositeur moque le pouvoir tsariste, appuie les contours grotesques du conte de Pouchkine, multipliant situations comiques et clins d'œil à la culture russe. Sans surprise le tsar en place, Nicolas II censura largement le travail du compositeur. Rimski-Korsakov ne vit ainsi jamais jouer cet ultime chef d'œuvre dont la symbolique et la verve comique n’ont pas échappé pas au metteur en scène Barrie Kosky, rompu à l'opéra russe et subtil directeur d'acteur.
Depuis le fond de son lit, le tsar Dodon rêve de retraite. Problème : on ne cesse de l'envahir. Son astrologue lui offre alors un coq d'or aux pouvoirs magiques, girouette capable d'indiquer la provenance du danger. Il viendra de l'Est en la personne d'une charmante princesse orientale bien décidée à conquérir son royaume.
Peer Gynt ou l’association de deux génies norvégiens – Henrik Ibsen et Edvard Grieg – au service des tribulations d’un menteur. De l’œuvre originelle la metteuse en scène Angélique Clairand offre une autre version, conduite par la jeune cheffe prodige Elena Schwarz, sur l’identité et la cruauté du réel. Les récits imaginaires y relèvent moins d’une mythomanie que d’une ode à la fantaisie et au voyage intérieur doublé d’un hommage aux rêveurs.
Frustré par sa condition, Peer Gynt invente un monde imaginaire qui lui permet d'échapper à une réalité insupportable. Oscillant sans cesse entre courage et lâcheté, cet anti-héros en quête de rêve et d'identité surmonte, au cours d'un voyage initiatique, les obstacles qu’il rencontre par la fuite et le mensonge.