5 mars 1900, Londres : en assistant à la pièce de théâtre Madame Butterfly, Puccini découvre l’histoire d’une geisha dont il reprend le destin tragique quatre ans plus tard dans son nouveau drame lyrique. « Ma Butterfly reste l’opéra le plus sincère et le plus expressif que j’aie jamais conçu » : cette déclaration résume l’impact extraordinaire du parcours de Cio-Cio San, une toute jeune femme qui se voue corps et âme à un officier américain de passage. Mariage factice et distrayant pour lui ; engagement éternel pour elle qui, dans sa dévotion, ne voit pas le piège qu’on lui tend. Puccini compose sa partition la plus émouvante pour donner vie à cette âme candide, dévorée par l’égoïsme et l’inconséquence des hommes.
La metteuse en scène allemande Andrea Breth – figure emblématique de la scène contemporaine – met en exergue l’artifice des jeux de regards au cœur même de la représentation lyrique : entre Butterfly et des personnages qui projettent avec violence leurs fantasmes sur une personne et une société ; entre Puccini, ses librettistes et le monde du Japon ; ou encore entre l’opéra et le public d’aujourd’hui. Un chef-d’œuvre de l’intimité mise à nu sous la direction de Sesto Quatrini, fin connaisseur du répertoire italien, trente ans après la dernière représentation lyonnaise.