Comme dans les plus belles rencontres, voilà une histoire qui doit autant aux forces du hasard qu’à la capacité de certains êtres à se trouver des âmes sœurs. Tout commence en 2009, à l’occasion du Festival panafricain à Alger. Dans le hall d’un hôtel, Souad Asla croise Omar Sosa. Entre la musicienne et chanteuse algérienne et le pianiste cubain, la connexion est instantanée. Et pour cause : la première défend en le conjuguant au présent le répertoire populaire menacé de sa région natale, la Souara ; le second est un infatigable ambassadeur et rénovateur des traditions afro-caribéennes et des musiques des diasporas qui leur sont associées. Leur complicité devient osmose le soir où, invitée par Sosa, Souad Asla pose son chant sur ses notes de piano.
Il ne manquait plus que la fondation en 2017 du collectif Lemma, imaginé et emmené par Souad Asla, pour que se créent les conditions d’une collaboration de haut vol. Brouillant les lignes du sacré et du profane, de l’espace et du temps, ce groupe de femmes intergénérationnel de la Souara porte en pleine lumière et à intenses voix un répertoire sud-algérien qui, jadis, était soit réservé aux hommes, soit condamné à l’invisibilité. Cinq ans après leur inoubliable prestation dans la grande salle de l’Opéra, c’est une joie de les voir s’associer à l’inspiration panoramique d’Omar Sosa, sur un terrain d’exploration reliant le feu toujours vif des traditions, entre rythmes de transe et chants remontés de la nuit des temps, rites gnawa et yoruba, profondeurs spirituelles et éclats de volupté.
Souad Asla – chant, gumbri, direction artistique, Omar Sosa – piano, direction artistique, Csaba Palotaï – guitare, Aziza Tahri – chant, derbuka, t’bal, bendir, karkabu, Mebrouka Brik – chant, bendir, karkabu, Gustavo Ovalles – percussions, Rabia Boughazi – percussions, pilon, chœurs, Sabrina Cheddad – bendir, derbuka, chœurs.