“DonnerPrendre”. Telle est la traduction littérale du nom DakhaBrakha, mais aussi de l’esprit à la fois conquérant et généreux qui anime ce quatuor ukrainien fondé en 2004. Un groupe à la mémoire longue et aux inventions permanentes, qui exalte les traditions dans ce qu’elles ont de plus frondeur, et cultive l’âme singulière de son peuple pour mieux la partager avec l’humanité tout entière. Et avec quel éclat… Car si la réputation de Dakhabrakha a passé tant de frontières, c’est grâce à la flamboyance avec laquelle il prend la scène comme terrain de jeu – et aujourd’hui comme théâtre des opérations.
C’est d’ailleurs sur les planches d’un théâtre que le groupe est né il y a 20 ans : au Centre d’art contemporain de Kiev, où il scelle alors la rencontre entre les visions d’un metteur en scène, Vladyslav Troitskyi, et les talents polyvalents (chant, percussions, instruments divers) d’Iryna Kovalenko, Olena Tsybulska, Nina Garenetska et Marko Halanevych. Cette ADN dramatique ne disparaîtra jamais des performances de DakhaBrakha, nourrissant par la musique un récit de plus en plus ouvert, à la fois intime, épique, éthique, poétique et politique. S’emparant du folklore le plus vivace, le groupe, au fil du temps, n’a cessé de lui agréger d’autres rythmes, mélodies et esthétiques, peaufinant un langage transnational qui s’adresse à toutes les générations comme à des publics d’horizons très variés. Une illustration aussi juste qu’explosive du mot du poète Miguel Torga, selon lequel “l’universel, c’est le local sans les murs”.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe en février 2022, le propos de DakhaBrakha a pris une dimension plus aiguë que jamais. Entre agit-folk et agit-prop, ces quatre activistes engagés sur le front de l’art transforment leurs concerts en odes à la beauté meurtrie du peuple ukrainien, autant qu’en défenses sans concession d’une idée de la liberté qui transcende les frontières et les nationalités.
Marko Halanevych – voix, accordéon, didjeridoo, trombone, percussions (darbuka, tabla), Iryna Kovalenko – voix, piano, accordéon, zgaleyka (instrument à vent), percussions (djembe, grosse caisse, bugay), Olena Tsybulska – voix, garmoshka (accordéon à anche libre), grosse caisse, percussions, Nina Garenetska – voix, violoncelle, grosse caisse.
Vladyslav Troitskyi – direction.