« She got an Elgin movement from her head down to her toes » chante Robert Leroy Johnson dans Walking blues : une ritournelle qui s’élance, dont le rythme se transmet au corps tout entier. Les mélodies du bluesman sont faites de mouvements, d’errances, mais aussi de rythmes : accords et cadences de cette musique née dans le delta du Mississippi, qui a influencé tant de musiciens rock et pop du XXe siècle. Posant ses pas dans ceux de Robert Johnson, Anne Teresa De Keersmaeker crée une pièce en forme de retour aux sources, celles de la musique, mais aussi de la danse. Entre le walking blues et le motif « my walking is my dancing » (ma marche est ma danse), principe élémentaire de toutes ses constructions chorégraphiques, il y a plus qu’une analogie : un rapport profond au dépouillement, au pouvoir expressif des éléments esthétiques les plus simples. Tissant la métaphore du pas – marche collective et pas de côté individuel – elle relie les époques et les genres musicaux – des lieder de Franz Schubert aux ballades des bluesmen américains. Pour ramener au présent ces fragments mélodiques, Anne Teresa De Keersmaeker a fait appel à la musicienne Meskerem Mees, dont la voix noue ces différents héritages au fil de reprises et de variations, où le Wanderer romantique rencontre le hobo afro-américain.
Création en mai 2023
Production Rosas
Coproduction Concertgebouw (Bruges), De Munt / La Monnaie (Bruxelles), Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, Théâtre de la Ville (Paris).
Co-accueil Opéra de Lyon - Biennale de la danse