Dans cette semaine en forme d’“apologie des pianistes non-normopathes” – dixit Pascal Comelade qui situe du même coup notre démarche à l’exact opposé du freak-show pianistique —, on s’intéressera à trois beaux cas : Thelonious Monk, Glenn Gould et Sun Ra. Ces trois maîtres dans l’art underground de jouer du piano ont encore en commun d’avoir dû se retrancher derrière un personnage pour inventer le génie hétérodoxe de l’ermite, de l’idiot ou de l’alien.
Que faire de ces nouvelles mythologies du pianiste ? Le fan en nous les adore et c’est de bonne guerre — qui imagine en effet la musique de Monk sans mutisme, celle de Gould sans excentricités HPI, et celle de Sun Ra sans drame cosmico-pharaonique ? — au risque de se laisser aveugler par leur aura : le mythe est témoignage contre la réalité et ces “bizarreries’, dont les services de marketing culturel ont si bien su s’emparer (cf. la petite chaise de Gould devenue logo Sony/Columbia), sont autant de gestes de protestation contre ce qu’on continuera encore longtemps d’appeler “la culture”.
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