Une découverte des œuvres de la saison à travers le prisme de la psychanalyse, de l’histoire et de la littérature.
Il n'y a pas que les Contes de fées qui sont sujets à psychanalyse.
Le prisme de la psychanalyse est tout aussi pertinent pour analyser les chefs d'œuvre de l'opéra. C'est ce que propose ce cycle de conférences qui, à travers la psychanalyse, mais aussi l'histoire et la littérature, permet de pénétrer les entrailles des œuvres de la saison. Et d'y découvrir de passionnantes clés de lecture.
Conférence en partenariat avec l'UTA de l'université Lyon 2
Contemporain de la Première Guerre mondiale, le « mimodrame » que conçoivent Charles-Ferdinand Ramuz et Igor Stravinsky, Histoire du soldat, s’inspire d’un conte d’Afanasiev: Le Soldat déserteur et le diable. La forme choisie, l’inspiration empruntée destinent ce spectacle à un public populaire que les deux créateurs auraient voulu rencontrer dans une tournée dans les villages suisses. La stylisation de l’intrigue, son recours à un fantastique immédiatement interprétable en termes moraux contribuent à faire d’Histoire du soldat une fable dont la morale finale semblerait prôner l’humilité, la soumission au destin et à la condition sociale: le recours à la désertion (dans l’imaginaire ou en des terres franches) ne peut que vous éloigner du monde et vous conduire à la punition… Cependant, dans ce cadre rassurant et « bonhomme », Ramuz et Stravinski inscrivent de multiples dissonances, suscitent des interrogations inquiètes. Qu’en est-il de l’ordre, social et politique, lorsqu’il impose à toute la jeunesse masculine la mort au combat? Quelle fonction l’art peut-il assumer en des « temps de manque », selon la formule du poète Hölderlin? De quelle nature peut être la rébellion, dès lors que la violence et la mort ont commerce avec elle? La liberté peut-elle s’accommoder du sentiment de culpabilité? La présence de plusieurs voix prenant en charge la narration et entrecoupant régulièrement la partie musicale se prête à une lecture qui analyse la superposition complexe des instances psychiques sur une même scène habitée par le vertige de la perte.
Dominique Carlat, né en 1964, est Professeur de littérature française moderne à l’Université Lumière Lyon 2. Il a consacré des essais (José Corti éditeur) aux avant-gardes et au croisement, en littérature, de l’intime et du politique, de l’émotion et de la recherche de vérité. Il travaille actuellement sur la représentation de l’Histoire dans les fictions contemporaines.
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