Cette troisième conférence musicale du cycle « Musiques portuaires » organisé en collaboration avec le Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes nous emmène au sud-est de l’Europe. Souvent décrit comme le blues grec, comparé au tango argentin ou au fado portugais, le rebetiko naît des échanges et des circulations entre les deux côtés de la mer Égée au début du XXe siècle. Les orchestres venus de Smyrne, le « Paris d’Orient », sont alors déjà renommés et attirent les foules dans les cafés-concerts d’Athènes. Mais c’est sans doute le brassage de populations et l’arrivée massive des réfugiés d’Asie Mineur après la guerre greco-turque de 1922 qui donneront un nouvel élan à cette musique. Issu des rencontres entre réfugiés, migrants intérieurs et locaux, le rebetiko sera largement enregistré en 78 tours mais aussi critiqué progressivement en tant qu’étranger aux traditions grecques et issu des bas-fonds du Pirée. Réinterprété à partir des années 1960, il continue aujourd’hui d’être joué, chanté et dansé, d’établir des liens avec le passé mais aussi d’exprimer les peines actuelles d’un pays en crise.
Panagiota Anagnostou est politologue. Ses recherches portent sur les musiques populaires grecques du XXe siècle.
Didier Laurencin, ethnologue et musicien. Il a réalisé des recherches sur le rébétiko et s’est formé en Grèce auprès du chanteur et multi-instrumentiste Evgenios Voulgaris.
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