En anglais
Opéra en deux actes, 1954
Livret d’Erik Johns Version de chambre pour treize instruments de Murry Slidin
En coproduction avec La Renaissance Oullins Grand Lyon et Ecuador
Avec la complicité des Subsistances 2013/14
Lieu : Théâtre de la Croix-Rousse - Place Joannes Ambre - 69004 Lyon
L'HISTOIRE
Les années trente, la Grande Dépression : le rêve américain a tourné au cauchemar, la terre promise est devenue la terre d’une misère âpre. The Tender Land met en scène les Moss, une famille de fermiers qui s’accrochent à leur terre. Ils espèrent pour leurs enfants – dont leur fille Laurie – un avenir meilleur, et se sacrifient pour cela. Un jour arrivent dans ce pays Top et Martin, deux hommes qui vivent leur pauvreté en toute liberté, sur la route, à la manière de Jack Kerouac. Le drame se noue quand Laurie choisit elle aussi de vivre sa vérité et de partir...
Aaron Copland a plus de 50 ans quand il s’attaque à son premier opéra : « L’envie d’écrire un opéra doit être si forte que, poussé par une nécessité profonde, vous ne pouvez pas résister à la tentation de le faire ». Longtemps, il a cherché cette nécessité auprès d’un librettiste, mais ses contacts avec Arthur Miller ou Thornton Wilder ont été vains. Le déclic vient d’un grand livre qui le bouleverse : Let us Praise now Famous Men (1939) de l’écrivain William Agee et du photographe Walker Evans. Leur livre raconte leur expérience des années 30 où ils partagèrent, en Alabama, la vie de métayers précipités dans la misère par la Grande Crise. La forme du livre oppose le lyrisme du texte d’Agee et la sécheresse implacable des photos d’Evans. Agee et Evans avaient fait irruption dans une famille rurale ; Erik Johns – le librettiste de Copland – imagine deux personnages différents : non pas deux artistes mais deux routards qui vont bouleverser le monde clos d’une ferme isolée du Middle West. La source de The Tender Land est donc avant tout picturale, sa musique aussi. Avec de grands gestes musicaux, Copland dépeint les étendues de l’Ouest américain ; il se souvient de son ballet Billy The Kid aussi bien que de ses partitions pour le cinéma. Il réussit le tour de force de traduire en musique le climat si particulier des paysages peints par Edward Hopper. Copland s’inspire du folklore américain, son oeuvre est plus proche du théâtre musical que du grand opéra. The Tender Land, c’est aussi ce paysage intérieur, « la tendre terre » qui se cache dans les replis du coeur de cette mère dure ; « la tendre terre » qui ne demande qu’à être foulée dans le cœur de la fille. Le monde que décrit Copland est avare de mots, c’est un monde de taiseux. La force des sentiments intérieurs n’en est que plus grande et plus dévastatrice. Le lyrisme grandiose donne à ses personnages la dimension de héros tragiques et universels, dignes et simples, vivant une histoire intemporelle : un enfant quitte ses parents pour vivre et se construire par lui-même.
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