Musique des Shtetls – les ghettos juifs d’Europe de l’Est – le klezmer s’est surtout codifié à New York, au moment des grandes vagues d’immigrations européennes. Les musiciens d’expression yiddish ont adapté les folklores de communautés allant de la Moldavie à la Turquie ou l’Ukraine, utilisant le format du big band swing ou des petites formations de jazz, avec comme héros, des clarinettistes virtuoses tels que Naftule Brandwein et Dave Tarras. Ghettoïsée de nouveau dans les années 50 et 60, où elle devient objet de dérision de la part des enfants d’immigrés, il faut attendre les années 70 pour un premier revival puis les années 90, pour des relectures plus radicales du genre – avec, entre autres, les expérimentations de John Zorn ou David Krakauer. Redevenu aujourd’hui une partie noble du patrimoine musical new-yorkais, Michael Winograd représente peut-être l’âge adulte du klezmer. Clarinettiste, arrangeur de talent, Winograd est à la fois une encyclopédie du genre, et un novateur qui n’a besoin ni de choquer ni de déconstruire à outrance pour prouver sa modernité. Son klezmer a hérité et du sens de la virtuosité et de celui des arrangements d’un Dave Tarras, sans pour cela oublier les 70 ans d’histoires musicales qui ont suivi (Winograd a collaboré avec Vulfpeck et Sandaraa). Avec ses honorable Mentshn, il offre une musique festive, complexe, ludique, sans un brin de nostalgie mal placée.