À 73 ans, Ceferina Banquez est la reine incontestée du Bullerengue – musique rurale de la côte caraïbe colombienne. Musique aux racines profondément africaines, les groupes de Bullerengue sont composés de percussionnistes et d’un choeur qui répond aux déclamations et aux improvisations d’une chanteuse. Descendante d’une longue lignée de cantadoras – les chanteuses et auteurs de ce genre essentiellement féminin – Ceferina a composé sa première chanson à l’âge de neuf ans, alors qu’elle ne savait ni lire, ni écrire. Comme beaucoup d’habitants de la région, elle a été très jeune victime de ce que les Colombiens appellent la violencia c’est-à-dire les années de guerre civile et de terrorisme paramilitaire. Expulsée brutalement de chez elle, avec ses six enfants, elle s’est finalement réinstallée à une heure de son village natal où elle a peu à peu repris ses fonctions de cantadoras. C’est alors qu’elle compose de nouveaux chants souvent inspirés par la violence, et la vie difficile de ses compatriotes. Ses chansons témoignent de la place primordiale des femmes dans la résistance des populations rurales. Ceferina est accueillie pour la première fois en France.