Poète, plasticien, théoricien, philosophe, écrivain, mais aussi mycologue, le compositeur américain John Cage est une des figures majeures de la musique du XXe siècle. Ses recherches sur le hasard et l’intégration des sons du quotidien dans la musique savante ont permis de libérer la composition du carcan des structures pré-établies, et ouvert un large territoire d’exploration (musique concrète, spectrale ou expérimentale). Après avoir étudié avec Arnold Schönberg, il s’éloigne des principes dodécaphoniques en redécouvrant certaines figures iconoclastes de la musique comme Erik Satie, dont l’approche de la répétition marque ses premières oeuvres. En compagnie de Merce Cunningham avec lequel il travaillera toute sa vie, il invente une série d’events, croisant musique, danse et arts plastiques. Pour Cage, tout son est musique, comme dans Water Walk, créé à partir d’objets du quotidien (radio, bouilloire, baignoire, bouquet de fleurs). Cet élargissement du champ musical l’amène à considérer l’indétermination et le hasard comme partie prenante du processus créatif. En 1940, il imagine un dispositif original en insérant différents objets et matières dans les cordes d’un piano – modifiant le timbre, et créant des événements percussifs imprévisibles. À l’aide de ce « piano préparé », il compose de nombreuses pièces comme la série des Sonates et interludes (1949). L’indétermination et l’aléatoire se retrouvent dans toutes les composantes de la création : il utilise par exemple des dés pour déterminer la structure ou la durée d’un morceau, avec l'aide du Yi King chinois dans Music of Changes (1951), ou laisse la liberté aux interprètes d’organiser les différentes parties de la composition, comme dans Four pour quatuor à cordes. Une de ses oeuvres les plus célèbres, 4’33", consiste pour l’interprète à ne pas jouer pendant 4 minutes 33 secondes, laissant l’auditoire écouter les infinies nuances du silence créées par cet intervalle. Personnage iconoclaste, féru d’échecs et de champignons, passionné par la pensée orientale, il voit son influence dépasser largement le cadre de la musique. Son approche non-conventionnelle des phénomènes sonores, son refus du spectaculaire et son intérêt pour la complexité du réel ont notamment influencé la naissance de la post-modern dance américaine, l’art conceptuel et processuel ainsi que l’émergence du happening.
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