Voilà trente ans que Rolf Lislevand, qui fut élève de Hopkinson Smith et pilier des formations de Jordi Savall, traverse en éclaireur le répertoire baroque et ancien. Liberté d’esprit, goût pour la recherche, l’invention, l’improvisation ou le métissage musical, clairvoyance aussi savante que joueuse… Avec son Ensemble Kapsberger (du nom de ce génie précurseur italien du XVIIe siècle qu’il a remis en lumière), ce maître du luth, de la guitare baroque ou du théorbe a insufflé son audace à toute une nouvelle génération d’interprètes – Les Kapsber’girls en tête. En 1997, dans l’album Encuentro, le Norvégien tissait un dialogue fécond entre Gaspar Sanz et Antonio de Santa Cruz, hautes figures de la guitare espagnole de l’ère baroque. A l’Amphi, ajoutant les œuvres d’un troisième larron (Santiago de Murcia), il reprend et enrichit cette idée de banquet entre grands d’Espagne, à l’invitation des Kapsber’girls qui, en seconde partie de programme, pousseront un cran plus haut cet art de la rencontre en se mêlant à leur tour à la fête.