Anatomia est à la fois un récital de piano et une installation. Tout commence (et, dans un sens, finit) avec Funérailles de Franz Liszt, pièce romantique virtuose composée en mémoire de trois amis tombés lors de la révolution hongroise de 1848. Là, l’instrument-monde s’entrouvre, littéralement, comme pour mieux laisser voir la musique à travers lui. Dans un Amphi peu à peu transformé en théâtre anatomique, la scène devient surréaliste : le piano est disséqué, déconstruit, démembré. Toujours résonnants, ses organes suspendus dans l’espace semblent dotés de vie. A la manière d’une science-fiction, c’est comme si nous rétrécissions pour pénétrer dans les dédales de l’instrument, tandis que notre écoute s’élargit et fond dans les détails du tableau sonore. Après Pianomachine, Claudine Simon signe une nouvelle création d’une saisissante beauté, à la croisée du concert, de la performance et de l’expérience visuelle, de la lutherie et de l’anatomie, des secrets de la matière et des fantômes du vivant.