Premier volet d’un cycle consacré au cinéma algérien, sous la forme d’une histoire illustrée et commentée, suivie d’une discussion-débat sur ses enjeux sociétaux et politiques.
En partenariat avec Traces et Coup de Soleil AURA, l'Opéra Underground propose de faire un pas de côté en interrogeant l’histoire de l’Algérie à travers son cinéma. Une façon de rendre hommage aux cinéastes qui ont à cœur de raconter cette jeune nation dans son présent, et de sortir d’une assignation mortifère au passé. Les Algériens peuvent-ils parler ? En référence à l'essai de Seloua Luste Boulbina, “Les Arabes peuvent-ils parler ?", cette question semble d’une actualité brûlante. Si les Algériens peuvent parler, est-ce par le biais du cinéma, dans un contexte aux enjeux politiques pluriels ?
L’histoire du cinéma en Algérie est indissociable de la colonisation et de la guerre d’indépendance. Né de cette lutte et devenu l’objet de la propagande nationale, le cinéma y a, pendant très longtemps, été empêché et censuré. A partir des années 60 et 70, certains cinéastes ont néanmoins réussi à expérimenter de nouveaux récits et à s'affranchir des sujets imposés par l'État. Ces films, longtemps tombés dans l’oubli, font aujourd’hui l’objet d’une restauration et d’une diffusion en festivals – c’est le cas par exemple d’Omar Gatlato, réalisé par Merzak Allouache et restauré en 2016.
Par ailleurs, la persistance, depuis de nombreuses années, d'un financement sous conditions qui exige des films privilégiant la glorification de la nation, a engendré une polarisation de la production cinématographique. Beaucoup de cinéastes se sont alors tournés vers l’étranger, et plus particulièrement vers l’Europe ou le Qatar, pour trouver les fonds nécessaires à la réalisation de leurs films. En Algérie, nombre d’entre eux sont accusés d’être assujettis à l’hégémonie culturelle européenne. Il en est de même pour les archives, dont des projets de restauration et de valorisation sont souvent initiés ou portés par des acteurs étrangers. Quelle empreinte cela laisse-t-il sur la production, tant du point de vue du contenu et des récits qui en découlent que du côté des enjeux économiques ? Qu’est-ce que cela dit du rôle et de la place du cinéma en Algérie, mais aussi de la situation politique du pays et des relations qu'il entretient avec l’étranger, et plus singulièrement avec la France ?
La première partie de cette rencontre sera consacrée à une histoire illustrée et commentée du cinéma algérien proposée par Nabil Djedouani. La deuxième partie laissera place à une discussion-débat, qui s'intéressera à ses enjeux sociétaux et politiques.
Nabil Djedouani – réalisateur, comédien, créateur du site Archives numériques du cinéma algérien.
Salima Tenfiche – enseignante-chercheure, docteure en histoire du cinéma. Sa thèse s'intitule "Glorifier les morts ou consacrer les vivants. Une histoire esthétique et politique du cinéma algérien sous l'ère Bouteflika (2003-2019)"
François Cheval – conservateur de musée.
Noria Haddadi – modération.
Organisé par le Réseau Traces et l’Opéra Underground.
En partenariat avec l’association Coup de Soleil en Auvergne-Rhône-Alpes.
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